La fin du retrait de points pour les petits excès de vitesse va conduire à un relâchement pour certains des conducteurs.
Maître Vanessa Brandone (photo), avocate de victimes de la route, associée du cabinet Tweet
Une amende mais plus de retrait de points sur le permis. A partir du 1er janvier 2024, les « petits excès », inférieurs à 5 km/h, ne seront plus sanctionnés par un retrait de point. Une mesure déjà évoquée de nombreuses fois, mais officialisée ce 11 avril par le ministre de l’Intérieur, monsieur Darmanin, dans un courrier adressé à la sénatrice du Var Françoise Dumont. Si le ministre y voit, une mesure de bon sens, si cette mesure, est pour nombreux populaire, nous disons comme avocats engagés pour les victimes qu’elle est un catastrophique signal pour la sécurité routière.
Nous le savons, dans l’histoire de la sécurité routière, quand des signaux du genre ont été envoyés, il y a eu systématiquement une inflexion de la règle. Les conséquences ? Le nombre de victimes en augmentation, des familles, des vies brisées.
Pour la prévention, on fait marche arrière
Ainsi on peut le dire, la prévention fait un sacré bond en arrière avec cette mesure, elle est aussi pour maître Gilles Fouriscot, avocat de victimes de dommage corporel de la route et associé du cabinet, un message qui peut avoir des conséquences dramatiques. « Dans ce contexte de tension sociale, on veut faire croire que c’est un cadeau fait aux automobilistes. Je trouve ça totalement écoeurant de privilégier le sens électoral au lieu de privilégier la sécurité des Français », ajoute, l’avocat qui défend les victimes de la route depuis plus de 20 ans.
L’an dernier, 3 260 personnes ont été tuées sur les routes en France. Un chiffre en hausse par rapport à 2019. Cela fait des années, des mois, encore en ce début janvier 2023, que nous n’avons cessé d’alerter les pouvoirs publics, les médias avec les associations de victimes pour que des mesures vraiment efficaces soient prises. C’est une urgence que la lutte contre l’insécurité routière soit plus que jamais une des priorités des pouvoirs publics. Et c’est cela la première des réponses ?
Doit-on rappeler au ministre que Les accidents de la route sont la première cause de mortalité chez les jeunes de 18 à 24 ans ?
« Derrière la sécheresse des statistiques et des faits divers, il y a des vies anéanties, des familles brisées, des deuils inconsolables. Comment ignorer que la vitesse mal adaptée, est une des causes principales d’accidents graves et mortels ? », déclare Romy Collard, avocate de victimes de dommage corporel.