Dans les médias, le débat sur l’élection présidentielle tourne inlassablement autour de l’identité nationale et de l’immigration. Pardon ne pas être sur la même longueur d’onde que nos candidats ! Le seul « grand remplacement » que nous constatons, c’est celui de la justice française par son ombre squelettique exsangue, sinistrée.
Le vrai scandale : une masse de justiciables abandonnés, une justice sans moyens
Le vrai scandale, ce sont ces tribunaux vides de magistrats, ces audiences introuvables, repoussées de plus d’un an, même pour les procédures d’urgence ! La grande pagaille, c’est celle de ces jugements inapplicables parce qu’on attend leur copie pendant des mois faute de greffiers dont les postes ont été supprimés. L’authentique désespoir c’est celui de ces milliers de victimes qui se sont tournées vers la justice et qui n’ont plus aujourd’hui les indemnisations nécessaires pour faire face à leurs besoins quotidiens, qui attendent toujours la nomination de l’expert qui doit évaluer leurs préjudices, qui désespèrent d’obtenir enfin une décision qui leur redonne un peu de courage.
Déni de démocratie
Priver un pays d’une justice digne de ce nom, la laisser agoniser faute de moyens et se désintéresser de sa décrépitude : voilà le vrai déni de démocratie. On nous a pourtant appris qu’une société digne de ce nom devait reposer sur l’équilibre de ses trois pouvoirs. On s’aperçoit aujourd’hui que les représentants de l’exécutif comme ceux du législatif monopolisent la parole et se moquent du sort du judiciaire qui, par devoir de réserve, n’a pas accès aux médias. Ils oublient la conséquence inéluctable de ce mépris : une masse de justiciables abandonnés, totalement démunis et gravement déçus dans leurs légitimes attentes. Pour eux, nous voulons briser cette loi du silence. Pour eux nous voulons crier : donnez-nous des magistrats !
Me Romy Collard-Lafond
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