Lundi 1er août, le département du Puy-de-Dôme a fait marche arrière sur la limitation de la vitesse maximale autorisée sur ses routes secondaires. Son conseil départemental s’était prononcé en faveur d’un retour aux 90 km/h sur l’intégralité de son réseau. Au cours de l’année 2018, un décret gouvernemental a abaissé la vitesse maximale à 80 km/h sur près de 400 000 kilomètres de routes secondaires, à double sens, sans séparateur central et hors agglomération, soit près de 40 % du réseau routier français. A l’époque, le premier ministre, Edouard Philippe, avait défendu cette mesure, qui avait pour objectif principal de réduire la mortalité routière.
Agir sur la vitesse permet de diminuer le nombre des accidents de la route et leur gravité
Rune Elvik, chercheur sur les problématiques de sécurité routière a dédié 20 années de sa vie au thème de la vitesse. En recueillant plus de 500 études venant du monde entier, son travail a permis de mettre en lumière une corrélation entre l’abaissement de la vitesse et le nombre d’accidents. C’est mathématique : agir sur la vitesse permet de diminuer le nombre des accidents de la route et leur gravité.
Pour autant, en 2018, face à la fronde suscitée chez les automobilistes, le gouvernement avait assoupli cette mesure en permettant aux conseils départementaux de l’abroger. Depuis décembre 2019, les départements sont donc autorisés à relever cette limitation à 90 km/h.
Selon les chiffres avancés par la Ligue de défense des conducteurs, seuls sept départements sur les quatre-vingt-seize que compte le territoire métropolitain français ont relevé la vitesse à 90 km/h sur l’intégralité de leurs routes départementales. Parmi ces derniers, la Creuse, l’Aveyron ou le Puy-de-Dôme, notamment. D’autres, en revanche, s’en tiennent uniquement à certains tronçons. D’après les chiffres avancés par la Sécurité routière, le passage aux 80 km/h a permis d’épargner 349 vies sur vingt mois.
La sécurité routière ne peut être une variable d’ajustement
Pour Me Gilles Fouriscot, avocat de victimes de la route au cabinet Jehanne Collard et associés, ces mesures sont “une aberration, car on sait aujourd’hui que l’abaissement de la vitesse de 90 km/h à 80 km/h a permis de diminuer le nombre de décès de 16%”. Face à la violence et à l’augmentation des accidents et du nombre de victimes sur les routes, notamment ces derniers mois, la sécurité routière ne peut être qu’une variable d’ajustement dans un but purement démagogique. Deux autres départements ont déjà annoncé vouloir relever la vitesse à 90 km/h d’ici 2023 : l’Ardèche, dès septembre sur l’intégralité de ses routes secondaires, et l’Yonne, sur 10 % de son réseau d’ici la fin de l’année.